D'un corps à l'autre

Une Fable sur l'Autisme ou la genèse d'un super héros!


Texte & Jeu Eric Bertrand

Mise en Scène Juliet O'Brien



RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE


 

Ça y est, quelque chose vient de prendre racine dans le ventre de Marie.

 

Elle le sent. Elle le sait. Elle n'est pas comme d'habitude…

 

La grande histoire commence, celle de la multiplication cellulaire, des responsabilités…

 

Passer de fille à femme et de femmes à mère. Apprendre la grande nouvelle, recevoir les conseils de chacun, courir d'échographies en tests, être sûr que tout va bien.

 

Mais depuis la naissance du petit il y a quelque chose d’anormal. Les gens n’aiment pas le contact de Nicolas… Il y a toujours une excuse pour ne pas le prendre dans ses bras, pour le laisser dans un coin.

 

A trois ans que le médecin de famille lance un premier diagnostic, « autisme ».

 

Pour Marie c'est le début d'une lutte qu'elle n'avait pas prévue, d’un combat où elle va jeter toutes ses forces.

 

L'enfant refuse d'entrer dans le langage. Pourtant il voit, il entend, sur le papier tout est normal, rien ne justifie ce handicap. Mais une chute accidentelle dans le grand bassin va débloquer un don spécial. Nicolas parle dans les têtes. Il n'a pas besoin d'articuler puisqu'il a la transmission de pensée. Et plus encore : il est capable d'induire des comportements.

 

Malgré eux, l'ensemble de la famille va se trouver embarqué dans un tourbillon fantastique où chacun va devoir apprendre à se positionner et se risquer dans l’inconnu.


EXTRAIT DU TEXTE


« Quelques jours plus tard en passant en voiture devant la pâtisserie et se cachant la tête dans le volant, Marie constata que la boutique était fermée, éteinte, tous stores tirés. Pour la première fois de sa vie elle se sentait hors la loi et se conduisait comme une fugitive. Dans l'hypermarché où elle avait l'habitude de faire ses courses, elle surprit une conversation entre deux femmes. Cachée à l'angle du rayon soupe instantanée, elle apprit que Monsieur Godaient avait été hospitalisé pour surmenage.

 

- C'est la période des fêtes, toutes ces bûches, c'est trop pour un seul homme. Et pourtant c'est pas sa faute de lui avoir dit de prendre un second…

 

- Heu Marie ? ! Il y a quelque chose sur le tapis que je vais avoir du mal à scanner…

- Mince, Nicolas… Excuse-moi ! Je ne suis pas tout à fait dans mon assiette aujourd'hui. Tu peux le prendre une seconde, je n'arrive pas à mettre la main sur mon porte-feuille.

- Mais oui… Bien sûr…

 

Annie la caissière saisit l'enfant, l'assis sur ses genoux.

 

- Arrête de chercher, vas-y passe ! Tu leur en donnes assez d'argent. Vas-y, charge tout dans ta voiture et rentre chez toi !

- Pardon ?

- Mais oui, si on ne peut plus s'aider entre copines… Alors vraiment ça sert à rien. Je suis payée une misère et toi tu galères avec les problèmes de ton bout de choux. En plus il est tellement gentil, il dérange personne ce petit-là… Non vraiment, c'est pas juste et j'aime pas l'injustice. En faisant ça, je rétablis l'équilibre. No Pasaran ! Non mais des fois ! Ils se prennent pour qui ces patrons ! Prends tes courses je te dis et va-t-en, c'est lui qui offre. Il me doit bien ça le cochon.

 

Marie, interdite, chargeait machinalement les articles dans le chariot sans quitter du regard sa copine qui s'était engagée dans une logorrhée sur sa lutte des classes.

 

- Heu, t'es sûre que je ne te dois rien ?

- Tu rigoles, il faut parfois savoir prendre ses responsabilités, et j'ai trop longtemps fermé ma gueule ! Ouais je vais l'ouvrir et je vais même l'ouvrir maintenant !

- Baisse un peu ! tout le monde va t'entendre !

- Mais c'est bien ça que je veux ! Je veux que tout le monde entende, je veux que ça change !

 

Sans demander son reste et comme la semaine précédente, Marie s'enfuit en vitesse, avant de réaliser qu'elle avait laissé son fils dans les bras de la nouvelle révolutionnaire. Retour dans le magasin où le ton avait encore monté. Elle récupère Nicolas toujours aussi calme et impassible. Et dans un vrombrissement sportif, elle quitta le parking de la grande surface. »

 

Eric Betrand, Auteur